Devrions-nous demander des maquettes en réponse à notre appel d’offres?

« Nous voulons que vous bâtissiez une maison pour nous. Pourriez-vous construire un cabanon gratuitement pour que nous voyions ce que vous savez faire? … Non, merci, je ne souhaite pas voir les 250 autres maisons que vous avez bâties précédemment, je préfère le cabanon. … Si j’ai une tondeuse et des équipements de sport à mettre dans le cabanon? Mais c’est vous l’expert, devinez! »

– Une situation loufoque…

Exagéré? Pas tant que ça.

Parfois, on demande aux agences qui répondent à un appel d’offres de fournir quelques maquettes ou des concepts « pour voir si vous avez bien compris nos besoins ». Et ça, c’est mal.

Laissez-nous élaborer à ce sujet.

Du côté du client

Le client qui demande à une agence de produire des livrables pour répondre à un appel d’offres est généralement bien intentionné. Il cherche à savoir qui sera capable de mieux répondre à ses besoins et pour y arriver, demande aux intéressés de réaliser quelques travaux pratiques.

Il fournit donc des informations de base sur son projet : quels sont ses objectifs, qui est l’audience visée, un aperçu de l’arborescence du site, des fonctionnalités attendues, etc.

Le problème, c’est que le client fournit une partie de l’information requise seulement. Dans la grande majorité des cas, cette information est incomplète (c’est normal à cette étape). Une partie importante du travail créatif de l’agence sera donc basée sur des suppositions.

Séduisant pour le client? Peut-être. Utile et pertinent pour atteindre vos objectifs? Rarement.

Du côté de l’agence

Pour les agences, de telles demandes portent un nom : « travail spéculatif », aussi appelé Spec Work chez les anglophones. Les agences qui se respectent refusent ces demandes.

Pour nous, une demande de travail spéculatif est simplement une demande de travail non rémunéré. Ces demandes sont souvent synonymes d’un mandat à venir difficile avec des clients mal renseignés ou pire, souhaitant piger dans les idées de plusieurs agences avant de confier le mandat à celle qui sera la moins chère. Oui, oui, ça existe, il paraît qu’on a déjà vu ça…

Quelques pistes

  • Plutôt que de demander aux agences de créer des concepts initiaux destinés à être tellement révisés qu’ils sont en fait inutiles… examinez leur porte-folio. (Vous êtes-vous déjà demandé à quoi servait un porte-folio? Et voilà!) Mieux, demandez quelques références et discutez avec leurs clients. Quelques vraies réalisations valent mieux que tous les travaux spéculatifs du monde.
  • Demandez aux agences une sélection de leurs meilleurs projets et une liste des conditions de succès pour arriver à une qualité équivalente. Si ces conditions sont compatibles avec les processus de votre organisation, tant mieux. Sinon, il est peut-être préférable de poursuivre vos recherches.
  • Si vous êtes convaincus qu’il faut procéder avec du travail spéculatif, soit : réduisez la part de spéculation pour obtenir des propositions de qualité. Fournissez toute l’information pertinente pour réaliser des concepts utiles et surtout : payez. Sélectionnez un nombre limité d’agences (2 ou 3) et payez-les pour réaliser un concept limité à un cas précis.
  • Si vous avez choisi de rémunérer les meilleures agences pour obtenir quelques concepts, n’examinez pas seulement les résultats, mais aussi la méthodologie utilisée. Les concepts obtenus seront nécessairement préliminaires, mais la méthodologie s’appliquera au reste de votre projet.

Lectures complémentaires

(Ce billet est une suite de l’article « Obtenir les services d’une agence numérique grâce à un appel d’offres public bien rédigé. »)FacebooktwitterlinkedinFacebooktwitterlinkedinby feather

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