Les rapports annuels en ligne: d’illisibles à inutilisables.
Plusieurs entreprises investissent des montants importants pour la conception de documents de communications avec les investisseurs, notamment leur rapport annuel. Depuis l’avènement des rapports annuels en ligne, nous assistons à un dérapage important: les textes compliqués des rapports imprimés d’antan sont remplacés par des animations jolies mais inutiles, un système de navigation déficient et des données financières peu accessibles. D’illisibles dans leurs versions imprimées, les rapports annuels sont devenus inutilisables dans leur version web. La SEC n’est pas au bout de ses peines…
Bien qu’il soit possible de créer des documents de communications avec les investisseurs qui soient beaux ET lisibles, nous assistons de plus en plus à du gaspillage dans la création de rapports annuels en ligne qui sont totalement contraires à ce que cherchent les investisseurs, soit:
- Une page d’accueil avec un sommaire
- une version PDF complète ET des PDF distincts pour chaque section
- UNE page web par section qui contiendra un résumé des informations clés de la section ainsi que la possibilité de télécharger les documents PDF qui y sont reliés: la section seulement et le rapport complet.
- des documents téléchargeables en format PDF adaptés au web et non une simple version des documents imprimés, souvent conçus pour être imprimés sur une presse industrielle et non une imprimante ordinaire. Ces documents sont souvent illisibles en version PDF lorsque lus à l’écran et guère mieux dans leur version papier imprimée chez l’internaute moyen.
- des données financières disponibles en format téléchargeable et utilisable (lire Excel) pour les analyses-maisons.
Ces règles proviennent de plusieurs études auprès de centaines d’investisseurs, membres du grand public ou institutionnels et qui condamnaient sans réserve l’utilisation d’artifices inutiles dans le rapport annuel en ligne, mettant même en doute la crédibilité des informations retrouvées sur ce genre de rapports. Je vous recommande la lecture attentive des rapports d’études à ce sujet sur le site de IR Web Reports, une véritable mine d’informations pour les relations avec les investisseurs en ligne.
Ces règles sont simples mais néanmoins constamment bafouées. S’il est un endroit sur le site web où la lisibilité, la clarté et la fonctionnalité doit absolument être respectée, c’est bien la section de relation avec les investisseurs et les documents qui y sont reliés.
Le web est un merveilleux outil de communication lorsqu’il est bien utilisé. Il est toujours tentant d’essayer « d’épater la galerie » avec des animations, des belles images ou une navigation révolutionnaire et certains sites s’y prêtent très bien. Malheureusement, les investisseurs n’en ont cure: ils investissent dans des entreprises qu’ils comprennent et qui sont prêtes à leur transmettre l’information requise efficacement.
Les entreprises qui jettent de la poudre aux yeux dans leur rapport annuel sont souvent perçues comme étant peu crédibles et ayant davantage un spectacle à offrir que d’informations pertinentes à transmettre. Vu le coût exorbitant de certains rapports annuels en ligne « épatants », c’est aussi un indice d’un style de gestion qui vise davantage l’apparence que l’efficacité. Bref, ce n’est pas exactement le genre d’entreprise à laquelle la plupart des gens souhaitent confier leur argent.
Quelques exemples de rapports annuels en ligne:
- Bon:IBM. Il ne manque que les rapports financiers disponibles en format Excel.
- Bon:Abbot Laboratories. On peut ne pas aimer la navigation, demandant un peu trop de dextérité, mais le contenu y est. Je n’aime pas tellement non plus l’utilisation de boutons « page précédente/page suivante » mais ce n’est pas dramatique. Même les données financières sont téléchargeables en Excel, enfin!
- Bon:Microsoft. Pas le plus joli mais tout est là! Le texte est trop petit par contre, et un peu lourd. Oui, il y a des tableaux Excel (évidemment!) pour les données financières…
- Mauvais: Cossette Communication. Très joli, amusant même. Données financières impossibles à télécharger, navigation non-intuitive, ressemble davantage à un jeu en ligne qu’à un document pertinent pour les investisseurs. Dommage, Fjord est pourtant une excellente boîte de web mais à trop vouloir faire de l’épate, on en oublie à qui l’on parle et surtout, pourquoi.
