L’impact de Google Finance pour les entreprises publiques

Écrit  par   le 22 Mar 2006  dans Autre   

Google nous surprend encore en lançant un excellent service d’information en finances appelé, justement, Google Finance.

Compétiteur de Yahoo Finance (dont je suis un utilisateur régulier) et de MSN Money, je dois dire qu’à première vue, Google a su innover dans un domaine qui semblait plutôt mature et conservateur en offrant des informations et fonctionnalités que ses prédécesseurs n’offrent pas, du moins pour le moment.

Bien que l’intérêt principal pour les investisseurs réside dans la capacité d’obtenir davantage d’informations pertinentes plus rapidement, l’impact réel de Google Finance se fera probablement davantage sentir auprès des compagnies publiques qui verront leurs habitudes de relations avec les investisseurs sur le web chambardées.

Voyons comment Google Finance change la donne…
(Cliquez sur l’image pour un agrandissement. Utilisez les touches « up » et « down » pour faire défiler l’image agrandie)

  1. Graphique complet et redimensionnable du cours de l’action. Rien de totalement nouveau sauf la possibilité de redimensionner le graphique sans avoir besoin de recharger la page. Permet d’isoler certaines périodes plus facilement que sur les graphiques traditionnels qui ne permettent que de voir les X derniers mois/année.
  2. (et 2b) Impact des nouvelles sur le cours de l’action. Voilà une idée brillante! Montrer visuellement l’impact des nouvelles sur le cours de l’action en pointant l’endroit exact de la courbe où un événement corporatif s’est produit. Il est même possible de cliquer sur l’indicateur d’une nouvelle pour la lire. Impossible de passer sous silence certains événements moins reluisants, ou d’en diminuer l’importance: Google utilise de nombreuses sources de nouvelles externes à la compagnie. Recommandation: publiez les nouvelles vous-mêmes sur votre site à l’aide d’un gestionnaire de contenu qui vous permettra de respecter les standards de publication, publiez un fil RSS de vos nouvelles et assurez-vous que ce fil RSS se répercute dans un fichier « sitemap.xml », carte de site spécialement conçue pour Google (à ne pas confondre avec un « sitemap » traditionnel conçu pour les internautes). Ainsi, vous vous assurerez que Google saura reconnaître les nouvelles sur votre site. Il est sûrement plus agréable d’annoncer les bonnes nouvelles vous-mêmes, et assurément plus crédible d’annoncer les mauvaises avant que quelqu’un d’autre s’en charge…
  3. Liens vers les pages de relations avec les investisseurs du site. Attention aux sections de sites d’entreprises publiques qui ne respecteraient pas les conventions ou utiliseraient des technologies inutiles ou obsolètes pour publier leurs pages. Google devra y retrouver ses petits, et si votre site est mal conçu, tant pis pour vous, Google ne pourra pas vous envoyer les précieux visiteurs qui souhaiteraient en savoir davantage sur un sujet spécifique. Recommandation: Respectez les bonnes pratiques de développement web! Attention à la sémantique des pages, aux balises titres, mots-clés et description, aux titres de pages et à la qualité du code utilisé: c’est là que Google puise les informations nécessaire au classement de vos pages et à la création de ces liens.
  4. Divulgation des résultats financiers. Bien que ces informations soient publiques et obligatoirement divulguées par les entreprises publiques, il est à prévoir que Google fera des efforts pour rendre ces données plus faciles à utiliser prochainement. Il est raisonnable de penser que Google les rendra téléchargeables dans un format compatible avec les tableurs comme Excel pour permettre l’analyse indépendante des chiffres fournis. Recommandation: n’attendez pas que Google le permette pour vous. Permettez immédiatement aux internautes de télécharger la version « tableur » de vos résultats financiers (un format Excel fait très bien l’affaire).
  5. Photos et informations sur les gestionnaires. Encore une incitation à respecter les standards de publication. En effet, un site mal conçu, dont les images ne portent pas de balises « ALT » permettant de mieux les identifier ou utilisant des technologies rendant la vie difficile aux moteurs de recherche empêchera Google Finance d’afficher correctement les informations sur les gestionnaires de l’entreprise. Recommandation: voir point 3 ci-haut.
  6. L’opinion des blogueurs est maintenant incontournable. Auparavant, un investisseurs qui voulait savoir ce que pensaient les blogueurs d’une entreprise devait chercher sur Technorati ou Google Blog Search. La plupart des internautes ne sachant pas vraiment ce qu’est un blog, ou ne s’en souciant peu, les blogueurs avaient jusqu’ici un impact réel mais limité sur les décisions d’investissement. La récréation est terminée: Google vient de donner une place rêvée aux « journalistes citoyens » qui souhaitent faire valoir leurs opinions sur les entreprises. En mettant ainsi en évidence les billets des blogueurs investisseurs, Google fera découvrir les blogues à plusieurs néophytes qui pourraient bien devenir sérieusement accros à ce genre d’information moins formel ou encore mieux… blogueurs eux-mêmes. Recommandation: Les entreprises doivent maintenant réagir en prenant les blogueurs au sérieux: les inclure dans la liste des gens à qui ils envoient leurs communiqués de presse, lire leurs opinions, les commenter, participer à la discussion. À éviter: exiger d’un blogueur qu’il se taise à votre propos en utilisant une mise en demeure: non seulement c’est inutile, mais cette mauvaise pratique risque fort bien de se retrouver sur Google Finance, à la vue de tous. Jouez la carte de la discussion et de la transparence et la communauté des blogues vous le rendra bien. D’informer les blogueurs au même titre que les journalistes, prendre le temps de répondre par des commentaires à leurs billets vous sera salutaire en cas de crise. Vous désamorcerz ainsi de fausses rumeurs avant leur naissance. Aussi, pensez à bloguer vous-mêmes. Les exemples ne manquent pas, et pas seulement pour de petites compagnies. GM, Boeing et bien d’autres le font avec succès.
  7. Groupes de discussions. Ici aussi, Google vous incite très fortement à la transparence en permettant à vos investisseurs de démarrer un groupe de discussion à votre sujet et ce, sans votre permission. Les groupes de discussions ne sont pas nouveaux sur le web, mais la place de choix qui leur est accordée ici est unique et demandera aux entreprises une adaptation obligatoire. Recommandation: Lisez ce que les investisseurs disent de vous. Répondez aux rumeurs avec courtoisie, rapidité et précision. Admettez les problèmes de votre entreprise quand il y en a: si vous vous contentez de nier ou de rester silencieux, quelqu’un découvrira le pot-aux-roses ou parlera à votre place. Initiez les discussions sur les sujets qui vous avantagent, et prévenez les coups en cas de crise.

Google Finance va donc forcer la main aux entreprises qui rechignent encore à appliquer des principes de transparence, de conception centrée sur les besoins des utilisateurs et de respect des standards du web pour leurs relations avec les investisseurs sur le web. Les entreprises qui refuseront de suivre la tendance se verront privées de nombreux avantages et opportunités d’investissements. Comment votre entreprise performe-t-elle à cet égard?FacebooktwitterlinkedinFacebooktwitterlinkedinby feather

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